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L'ASFFQ 1994

 

Je n’ai pas été déçu. Dans mon souvenir, la production de l’année 1994 recelait des perles sur lesquelles il était important d’attirer l’attention car si certaines nouvelles ont été, depuis, reprises dans un recueil ou repêchées dans une anthologie, d’autres excellents textes de fiction n’ont connu qu’une seule parution en revue. C’est pourquoi j’estimais essentiel, après la suspension temporaire de L’ASFFQ, de 1993 à 1996, et la relance du chantier à partir de l’année 1997 pour compléter cette décennie jusqu’au XXIe siècle, de revenir sur ces quatre années.
La qualité se confirme, mais aussi la quantité, au point où on pourrait légitimement soutenir que ces années marquent l’âge d’or de la nouvelle dans les genres de l’imaginaire. Yves Meynard n’a-t-il pas été le premier lauréat à avoir remporté le Grand Prix de la science-fiction et du fantastique québécois pour une production qui comptait en 1993 uniquement des nouvelles, dont l’une d’elles (« Le Sang et l’oiseau ») a inspiré l’illustration de la couverture de L’ASFFQ 1994 ? Avec une production de 179 nouvelles, l’année 1994 se classe au premier rang de tous les temps dans cette catégorie. La répartition entre les genres consacre une fois de plus la prépondérance du fantastique (106 nouvelles) sur la science-fiction (68 textes). La fantasy ne compte que cinq nouvelles et autant de romans. La recrudescence de la nouvelle se fait toutefois au détriment du roman dont le nombre s’élève à 27 titres seulement. La science-fiction ne compte que sept œuvres – le plus faible total depuis 1985, c’est peu dire ! – tandis que le fantastique, avec 15 titres, se situe dans la moyenne des dernières années.
L’apport des revues spécialisées a été déterminant dans l’atteinte du record de nouvelles, particulièrement la contribution d’imagine… qui a publié exceptionnellement cinq numéros, dont un hors série de vingt textes qu’on pourrait qualifier d’expérimentaux. Ce projet, qui suscite à la fois l’enthousiasme et la frustration du lecteur, donne en effet à lire trois fragments de romans inspirés d’illustrations. La récolte dans les périodiques spécialisées aurait pu être encore plus significative si les fanzines Horrifique et Temps Tôt avaient, comme les revues Solaris et imagine…, publié presque exclusivement des fictions québécoises. Or ce n’est pas le cas, au moins 60 % des nouvelles publiées par les deux fanzines provenant d’auteurs européens. Mais il est possible aussi que la demande en textes québécois ait dépassé l’offre et que les deux fanzines, incapables de remplir leurs pages – tout de même 14 numéros à eux deux – aient été obligés de s’approvisionner du côté de l’Europe.
Pour le reste, la prédominance de la science-fiction sur le fantastique se confirme toujours dans les publications spécialisées tandis que le fantastique maintient son hégémonie dans les recueils et dans les revues de création littéraire généralistes (particulièrement la défunte revue Stop avec 13 nouvelles).
La hausse de la production nouvellistique n’est cependant pas attribuable à une augmentation du nombre d’auteurs, une statistique qui affiche une constance remarquable d’une année à l’autre. En 1994, la production totale (nouveautés et rééditions) est le fait de 123 auteurs. Si on s’en tient aux auteurs qui ont publié au moins un texte inédit (roman ou nouvelle), la production repose sur 103 auteurs, dont 44 (42 %) en étaient à leur premier publication – du moins dans les genres de l’imaginaire. Cette dernière statistique est importante car elle fournit une indication sur la capacité de ces genres à attirer de nouvelles plumes. Avec un recul de vingt ans, il est intéressant d’examiner dans quelle proportion ces « recrues » ont concrétisé ou non leurs promesses et ont réussi à s’imposer. On ne sera guère surpris d’apprendre que la moitié d’entre elles, soit 23 auteurs, n’ont pas publié d’autres textes par la suite dans les genres qui nous intéressent. Aucun nouvel auteur de cette année, en fait, ne peut être considéré comme faisant partie du noyau dur des écrivains de SF et de fantastique même si certains, comme Christiane Duchesne, Jean-Jacques Pelletier – dans le genre thriller international qui lui est propre –, Anne Legault et Ann Lamontagne, dans une moindre mesure, sont reconnus pour la qualité de leur œuvre.
Je croyais bien naïvement, en relisant toutes les recensions au moment de la correction des épreuves de L’ASFFQ 1994, arriver à dégager des thèmes récurrents chez les auteurs ou un courant de fond perceptible. Or la production est trop variée et éclectique dans les deux genres majeurs de l’imaginaire pour la réduire à quelques motifs obsédants. On peut néanmoins constater que le livre, comme objet littéraire ou de connaissance – maléfique, certes, dans certains textes fantastiques – demeure un puissant moteur de l’imaginaire, son influence étant encore peu érodée par l’émergence toute récente de l’internet à cette époque. L’œuvre d’Anne Legault, Récits de Médilhault, synthétise à merveille cette dévotion en faisant du livre un rempart contre l’ignorance et le contrôle des esprits. C’est, à mes yeux, l’œuvre marquante de la décennie 1990 qui s’est manifestée à l’extérieur du milieu. Mais s’agit-il d’un roman ou d’un recueil de nouvelles ? La question n’est pas anodine. Jusqu’à récemment, je considérais ce livre comme un roman constitué de petites mosaïques narratives. Il est vrai que plusieurs fragments sont pratiquement autonomes. J’ai finalement choisi de l’envisager comme un recueil de 13 nouvelles, ce qui peut fausser les statistiques, j’en suis conscient.
En fait, ce que l’analyse de la production de l’année 1994 permet de mettre en lumière, c’est la formidable vitalité créatrice de quelques auteurs devenus des figures importantes de la SFFQ. Ainsi, Joël Champetier, qui remportera le Grand Prix de la science-fiction et du fantastique québécois pour sa production de l’année 1994, Francine Pelletier, Daniel Sernine, Jean-Louis Trudel – qui compte deux romans pour jeunes, des nouvelles inédites et traduites – et Élisabeth Vonarburg livrent des œuvres qui témoignent de leur maturité d’écrivain. Quant à Natasha Beaulieu, qui a publié neuf nouvelles dans sept lieux différents, si la qualité est inégale, sa détermination et sa persévérance illustrent l’adage voulant que c’est en forgeant qu’on devient forgeron. La pratique de la nouvelle nous donne à voir ici la formation et l’évolution d’une écrivaine qui réalisera son plein potentiel au cours de la décennie suivante.
Pour plusieurs auteurs, en somme, l’année 1994 constitue une année importante dans leur œuvre. À mi-chemin de la « restauration de la trame temporelle » de L’ASFFQ, on peut d’ores et déjà prévoir que la suite s’annonce riche en (re)découvertes !

Claude Janelle

ASFFQ1994

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