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L'ASFFQ 1996

 

On pourrait pratiquement faire un copier-coller de la présentation de 1995 tant les chiffres de la production de l’année 1996 ressemblent à ceux de l’année précédente. Exactement le même nombre de romans, à peine cinq nouvelles de plus.
Cette similarité s’avère pour les chiffres, mais l’analyse approfondie des textes n’autorise pas un tel raccourci. Je le dis d’emblée : la production de l’année 1996 est l’une des plus fortes – peut-être même la meilleure – de l’histoire des genres de l’imaginaire au Québec. Elle s’explique par une conjugaison de facteurs qui ne se trouvent pas réunis chaque année. Les auteurs dits de première génération et de deuxième génération ont connu une année exceptionnelle en qualité et en nombre. Élisabeth Vonarburg, Esther Rochon, Alain Bergeron, Francine Pelletier et Daniel Sernine, dans une moindre mesure, ceux de la première vague, sont alors au zénith de leur créativité, alors que Jean-Louis Trudel, Yves Meynard, Natasha Beaulieu et Claude Bolduc, qui composent la deuxième vague, donnent leur pleine mesure à travers une production foisonnante. Il y a eu, en 1996, une fenêtre d’opportunité, comme on dit en langage de sport pour une équipe, qui ne se présente pas nécessairement tous les ans.
En outre, l’entrée des Éditions Alire dans le milieu de la SFFQ a suscité énormément d’enthousiasme chez ces écrivains arrivés à maturité qui ont vu dans cette nouvelle maison d’édition une possibilité de trouver un accompagnateur indéfectible dans le développement à long terme de leur œuvre et un port d’attache permanent et stable. Pour un éditeur, célébrer sa naissance avec le lancement des deux premiers tomes de Tyranaël d’Élisabeth Vonarburg et le deuxième volet des Chroniques infernales d’Esther Rochon, c’est démarrer ses activités sous d’heureux auspices.
Un dernier facteur doit aussi être pris en considération. À cette époque, le milieu peut encore compter sur deux revues professionnelles et sur plusieurs fanzines, luxe qu’il va perdre graduellement à l’aube du XXIe siècle. Le développement d’Internet et son corollaire, la prolifération des sites qui diffusent des textes en ligne, ne participent pas du même esprit de clan fanique et n’ont pas le même impact que l’imprimé.
Quand j’avance qu’il s’agit d’une année exceptionnelle en ce qui concerne la qualité des œuvres, je me base aussi sur l’appréciation des collaborateurs de L’ASFFQ. Sont-ils plus conciliants et moins sévères que par le passé ? Je ne le crois pas. Quoi qu’il en soit, leur satisfaction comme lecteurs – et souvent comme auteurs eux-mêmes – est élevée et enthousiaste. Pour ma part, je peux témoigner de la richesse et de l’excellente qualité de certaines longues nouvelles, la plupart publiées dans Solaris qui s’en est fait une spécialité au cours de cette décennie. « {/thea} ou le Jour venu » d’Alain Bergeron est une nouvelle remarquable et superbement construite qui décrit la constitution d’une secte religieuse en comparant son évolution à celle d’un virus informatique. Sa critique de la foi aveugle et de la renonciation à l’exercice de la pensée est très représentative d’un bon nombre de textes de cette année qui abordent le thème de la religion. C’est assurément le courant de fond majeur de la production, courant mis en évidence en outre par le formidable numéro (119) de Solaris consacré à ce thème.
« Les Mots du tabac » d’Yves Meynard est tout aussi magistral alors qu’il traite du péché en mettant de l’avant une conception originale de la faute envisagée sous l’angle de la culpabilité et de ses effets physiques sur le corps. Autre texte d’exception : « Le Début du cercle » d’Élisabeth Vonarburg qui pousse à un degré de sophistication inégalé la réflexion sur le rapport inné/acquis dans la création artistique avec en toile de fond l’expérience Sabine Verreault menée par l’écrivaine au milieu des années 1980. Enfin, la nouvelle d’Harold Côté, « Mickey et Minnie et Berbi et la chasse aux farfadets », qui joue avec le concept d’univers factices, d’avatars et de réalités virtuelles, possède un caractère prémonitoire qui se confirme de nos jours. Les protagonistes de Côté endossent des personnalités iconiques dans le cadre d’une démarche de séduction et de fausse représentation qui n’est pas sans évoquer la stratégie de ceux qui se présentent sur Facebook sous une identité maquillée, voire magnifiée.
Mais qu’en est-il de la production de 1996 en matière de statistiques ? Elle compte 17 romans de science-fiction, 23 de fantastique et six de fantasy – un sommet pour ce genre qui connaîtra une grande popularité au cours de la décennie suivante. Un total de 115 nouvelles ont été réparties à peu près également entre les recueils et collectifs (40), les revues spécialisées (43) et les publications non spécialisées (32). Cette donnée confirme une tendance relevée ces dernières années : le déclin du recueil de nouvelles inédites composé majoritairement ou exclusivement de textes relevant des genres de l’imaginaire. On n’en compte que deux cette année, qui plus est deux recueils pour jeunes sans grande originalité (Trois séjours en sombres territoires de Louis Émond et La Mission Einstein de Sophie Martin et Annie Millette). La production de nouvelles consacre une fois de plus la prépondérance du fantastique qui compte 64 textes contre 47 textes pour la science-fiction, qui maintient sa domination dans les revues spécialisées.
Au chapitre des rééditions et traductions, les chiffres sont suffisamment impressionnants pour qu’on s’y attarde. Il n’est pas banal que 94 nouvelles aient connu une seconde vie, soit 39 en science-fiction et 55 en fantastique. Le volume de traductions en anglais est particulièrement étonnant, 34 textes ayant été proposés au lectorat anglophone. La maison Tesseract a été très active en ce domaine en publiant deux anthologies dont l’une (TesseractsQ), constituée uniquement de textes d’auteurs francophones canadiens, compte 22 nouvelles. On n’avait pas vu une telle abondance de traductions vers l’anglais depuis plusieurs années et on sait maintenant que cette situation ne s’est pas répétée par la suite.
La production totale de l’année 1996 a été fournie par 122 auteurs. De ce nombre, 17 font en quelque sorte de la figuration puisqu’ils n’ont publié aucun texte inédit. Sur les 105 auteurs – dont environ le tiers sont des femmes – ayant proposé au moins une œuvre originale, 40 en étaient à leur première publication dans les genres de l’imaginaire, soit 38 %. Ce chiffre est légèrement inférieur par rapport aux années précédentes. À l’exception de Patrick Senécal et Laurent Chabin, qui figurent parmi les nouveaux auteurs et dont l’œuvre ultérieure est importante, aucun ne donnera suite à ce premier essai ou ne laissera une contribution significative à la littérature, tous genres confondus.
Je le redis : le cru 1996 est exceptionnel. Comme le bon vin, les textes de qualité supérieure se bonifient avec les années. Faites-en l’expérience !

Claude Janelle

ASFFQ96

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Production originale Science-fiction Fantastique Fantasy Total
Romans 17 23 6 46
Nouvelles dans... 47 64 4 115
a) recueils & anthologies
11 29 0 40
b) revues spécialisées 27 12 4 43
c) publications non spécialisées 9 23 0 32
Rééditions et traductions Science-fiction Fantastique Fantasy Total
Romans 2 1 0 3
Nouvelles dans... 39 55 0 94
a) recueils & anthologies
28 47 0 75
b) revues spécialisées 7 1 0 8
c) publications non spécialisées 4 7 0 11
Production combinée Science-fiction Fantastique Fantasy Total
Romans 19 22 6 49
Nouvelles dans... 86 119 4 209
a) recueils & anthologies
39 76 0 115
b) revues spécialisées 34 13 4 51
c) publications non spécialisées 13 30 0 43



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