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SFFQ : Aquin - Bastien



Laurence, un roman d'Yves E. Arnau (1991)

Un jeune étudiant visite un appartement dans un immeuble habité majoritairement par des locataires âgés qui lui semblent un peu bizarres. Le concierge, un dénommé Herman Polansky, est encore plus inquiétant mais Francis se laisse séduire par l'appartement, d'autant plus que le loyer est très abordable. Laurence, une jeune femme dont il est tombé amoureux à l'université, vient bientôt demeurer avec lui. C'est alors que les incidents étranges se multiplient dans l'immeuble. Une nuit, le jeune locataire du 3B se jette par la fenêtre. Peu après, Laurence apprend la mort de sa meilleure amie, Élisabeth, et ne semble pas capable de se remettre de cette perte. Un mal mystérieux mine ses forces vitales mais elle semble prendre du mieux en compagnie d'Edna Goldwin, la locataire du 1A, qui lui prodigue des conseils.
Francis a cependant toutes les raisons de croire que l'immeuble qu'il habite est le repaire de suppôts de Satan et que Laurence est destinée à devenir la Servante dévouée du Diable. Une nuit, il surprend dans la cour intérieure de l'immeuble le concierge et quatre locataires en train d'invoquer le nom de leur Maître au cours d'une cérémonie qui doit consacrer son union avec Laurence. Incapable de sortir par la porte et voulant à tout prix sauver la jeune femme, Francis saute par la fenêtre de l'appartement et se réveille quelques jours plus tard à l'hôpital, immobilisé par de multiples fractures. Il apprend par la suite que Laurence est morte dans un accident de voiture en allant rendre visite à sa mère le jour même où est survenue sa chute.
Ne sachant plus s'il est victime d'une machination qui vise à l'éliminer ou s'il n'est pas tout simplement en train de perdre la raison, Francis retourne à son appartement. D'autres événements confirment ses soupçons. Il décide alors de mettre le feu à la bâtisse pour délivrer l'âme de Laurence prisonnière des serviteurs terrestres de Satan et précipiter ceux-ci dans les flammes éternelles où se consumait leur Maître.

Yves E. Arnau a écrit plusieurs scénarios pour la série télévisée «Edgar Allan,détective». Littérature policière, littérature fantastique, Arnau aime puiser dans la grande tradition littéraire afin de nourrir son imaginaire. C'est un écrivain-caméléon, donc un écrivain humble qui n'a pas l'ambition de changer le monde. Laurencea pour pères spirituels Edgar Allen Poe, E.T.A. Hoffmann et Guy de Maupassant.
Si ce roman, qui a été réédité en 1991, est fantastique, tel n'était pas le cas dans sa première édition parue en 1989. C'est la raison pour laquelle nous ne l'avons pas commenté dans L'ASFFQ à ce moment-là. Il y a d'ailleurs une anecdote amusante au sujet de ce livre qui mérite d'être racontée pour la petite histoire littéraire. En novembre 1990, je rencontre Yves E. Arnau au Salon du livre de Montréal et lui mentionne que son roman a failli être recensé dans L'ASFFQ 1989. Je lui explique qu'en raison de l'épilogue, Laurence ne pouvait être considéré comme une oeuvre fantastique. Il m'annonce tout de go que le roman doit être réédité en format poche et qu'il enlèvera cet épilogue, ce qu'il n'avait pas fait malgré les conseils de son éditeur Robert Soulières lors de la première édition. Étonnant, n'est-ce pas ? C'est, à ma connaissance, la première fois qu'un roman, d'une édition à l'autre, change de statut générique parce que l'auteur supprime quelques pages.
Si j'insiste tant sur cette anecdote, c'est que Laurence constitue un exemple parfait pour illustrer la politique éditoriale de L'ASFFQ. Pour nous, n'appartient pas au genre fantastique un récit qui se présente explicitement comme une simple fiction, désamorçant ainsi les effets qu'il a patiemment mis en place. Entreprise paradoxale que celle d'Arnau qui, dans la première version, tout en connaissant les règles et les codes de la littérature fantastique, s'appliquait à les rendre inopérants au nom de la modernité du texte.
La mise en abyme de l'épilogue remettait en question le statut du roman d'Yves E. Arnau. En effet, dans cet épilogue, le lecteur apprend que le récit qu'il vient de lire est le dernier manuscrit de Francis Leclerc. Celui-ci a tout simplement imaginé une histoire fantastique pour traduire certains sentiments à une certaine époque de sa vie. «J'ai laissé s'épancher la mauvaise impression que j'avais conservée, de nos trois années passées dans cet horrible immeuble : je me suis vengé ! (...) cette piaule, c'était l'Enfer.» Ordinairement, le procédé de mise en abyme, utilisé régulièrement en littérature fantastique, sert à renforcer la «fantasticité» du texte. C'est le contraire qui se produisait dans la version initiale.
Sans doute les récits fantastiques des grands maîtres sont-ils inspirés pareillement d'expériences personnelles et de sentiments profonds que l'écriture traduit métaphoriquement en forçant la réalité. La différence, c'est qu'ils ne livrent pas leurs clefs dans le texte même comme le faisait ingénument Yves E. Arnau. À mon avis, l'épilogue minait l'impact du récit. Le côté inquiétant du texte était ainsi complètement désamorcé au profit d'une réflexion sur les mécanismes de la fiction. Comment fonctionne-t-elle ? Dequoi se nourrit-elle ? Yves E. Arnau agissait comme un magicien qui nous envoûte pendant son spectacle avec ses tours de prestidigitation et qui, à la fin, nous explique comment il s'y est pris pour nous mystifier ! David Copperfield s'en garde bien !
La décision de l'auteur de retrancher l'épilogue est heureuse, d'autant plus qu'on sent qu'Arnau a fréquenté les grands maîtres du fantastique traditionnel et a bien assimilé les lois du genre et les éléments de la parapsychologie moderne contenus dans des livres comme celui du docteur Raymond Moody, Lumières nouvelles sur la vie après la vie. Il réussit à créer une atmosphère angoissante en présentant des personnages fortement typés comme le concierge, Mme Goldwin et Walter Scott. Évidemment, avec le recul, on comprend mieux la signification des clins d'oeil qui parsèment le texte. On découvre que cela fait partie de l'entreprise ludique de l'auteur qui s'apparente à un pastiche respectueux. Ainsi, le nom du concierge évoque le cinéaste polonais Roman Polanski qui a réalisé le Bébé de Rosemary et le Locataire, deux films dont le climat rappelle beaucoup le roman d'Arnau. Du premier, il a emprunté le caractère inquiétant du couple qui habite l'appartement voisin de Rosemary tandis qu'il a retenu du second l'obsession maladive qui détruit l'équilibre mental du locataire.
L'auteur met aussi à profit l'imaginaire propre aux récits de possession, de culte satanique et de réincarnation. Laurence se déploie dans la plus pure traditiondes récits fantastiques. Arnau se montre habile conteur, capable de créer un climat oppressant en quelques paragraphes. Il maîtrise bien l'écriture, celle-ci s'attachant à décrire efficacement les divers états par lesquels passe le personnage principal. Elle n'est pas exempte cependant d'une certaine affectation - en cela aussi, elle rejoint ses modèles en privilégiant l'emploi systématique du passé simple - et de quelques tics dont le plus agaçant est certes cette manie de mettre partout des points virgules dans le milieu d'une phrase devant un participe présent : «Je me livrai à des recherches fébriles; me gavant de tous les manuels de parapsychologie et de démonologie disponibles.»
Quant aux personnages, le plus développé est celui du narrateur. Francis Leclerc nous est présenté comme un jeune homme sain, équilibré et rationnel. L'auteur dépeint avec habileté le cheminement du doute dans son esprit et l'angoisse qui l'étreint quand il découvre la réalité qui se cache sous les apparences. Le personnage de Laurence est plus flou et beaucoup moins élaboré. À part son apparence physique, on sait peu de choses sur elle. Son utilité première étant d'être destinée au Maître des ténèbres, l'auteur n'a pas jugé nécessaire d'étoffer outre mesure ce personnage. Les complices de Satan sur terre sont décrits avec beaucoup de vigueur. Si Rose Gallieni et Léopold Verne demeurent effacés, Herman Polansky, Walter Scott et Edna Goldwin composent un fameux trio infernal.
Laurence ne possède pas la richesse symbolique d'une oeuvre inépuisable comme les Enfants du sabbat d'Anne Hébert mais le roman d'Arnau se laisse lire avec plaisir pour peu qu'on veuille bien retrouver la disposition d'esprit qu'on avait à la lecture de nos premiers contes fantastiques français et anglo-saxons du XIXe siècle.

Claude Janelle



Légende du père Laurent Caron, une nouvelle de Philippe-Joseph Aubert de Gaspé (père) (1866)

Le père Caron raconte une histoire qui s'est passée du temps où l'Anglais n'avait pas encore mis le pied au pays... Un soir, un jeune Huron frappe à la porte du curé de l'Islet. Il est porteur d'un message de Joseph Marie Aubé, mort après trois jours de fièvre. Dans son délire, l'homme disait craindre un ours qui en voulait à son âme. Seule une médaille de la Vierge, donnée par sa mère, réussissait à le tenir à distance. Mais Aubé tient surtout à ce que le curé sache qu'il s'est réconcilié avec Dieu avant de mourir.
Un an plus tard, le curé de l'Islet reçoit une lettre de France d'un collègue. Un possédé, qui avait retrouvé son calme trois jours durant, avait été repris par le démon et, lors de l'exorcisme, le suppôt de Satan avait affirmé qu'il avait été au Canada pendant ce temps afin de ravir, mais sans succès, l'âme d'un certain Aubé...

Les Mémoires de Philippe Aubert de Gaspé rassemblent plusieurs anecdotes que l'auteur affirme avoir oubliées de mentionner dans les Anciens Canadiens. Celle qui est racontée par le père Laurent Caron met en évidence des figures typiques du Régime français : le fier sauvage, la sainte mère et le mauvais fils, le curé hardi et son bedeau nettement plus couard. Sans aller jusqu'à reprendre intégralement la langue du conteur, Aubert de Gaspé donne à son écriture les couleurs du terroir en y incorporant plusieurs termes du cru. Habilement, et non sans qu'on y sente la nostalgie du « bon vieux temps », le texte transmet aussi l'impression de bonne coexistence qui régnait au début du XVIIIe siècle entre les Premières Nations et les Canadiens avant l'arrivée des Anglais.
Le volet fantastique de cette légende est tout aussi intéressant puisqu'à une première partie traditionnelle et bien « canadienne » - un avatar de Satan tentant en vain de s'emparer de l'âme d'un pécheur - s'ajoute une deuxième partie « exotique » qui crée un bel effet de surprise en toute fin de lecture : le démon qui surveillait Aubé venait en droite ligne de la mère patrie ! Doit-on voir dans ces accointances un signe de nostalgie chez nos ancêtres, ou plutôt un secret espoir que le lien rompu ne le soit pas tout à fait ? Chose certaine, la Légende du père Laurent Caron demeure, encore de nos jours, d'agréable lecture grâce à l'excellente adaptation d'Aubert de Gaspé.

Jean Pettigrew



Mon voyage à la Lune, une nouvelle de Napoléon Aubin (1839)

Le narrateur raconte son voyage à la lune après avoir expliqué comment il a fait le trajet, monté sur son cheval Griffon. En compagnie d'une guide autochtone, Bavardine, il observe les murs des habitants de la Lune, leur mode de vie et leur organisation sociale.

Mon voyage à la lune de Napoléon Aubin est le premier texte de SF dans l'histoire littéraire du Québec. Si ce texte appartient à ce genre, ce n'est pas en raison de son caractère scientifique mais plutôt parce qu'il introduit la distanciation propre au genre en mettant en scène l'autre. Le procédé qui permet au narrateur de se rendre sur la Lune est en effet tout à fait farfelu : il fait ingurgiter à son cheval un mélange de gaz hilarant et de gaz hydrogène.
Le texte d'Aubin puise son inspiration dans la tradition européenne de Cyrano de Bergerac, de Voltaire et de Swift. Il ne faut pas oublier que l'auteur est né en Suisse romande. Il utilise dans son récit une forme très libre qui est un mélange de satire sociale et de journal intime.
Aubin est un féroce pamphlétaire qui exerce son ironie sur les moeurs sociales de son époque. Il décoche quelques flèches bien senties aux médecins (à la façon de Molière), aux riches parvenus et aux administrateurs de la justice. Aubin a le sens de la formule lapidaire : « Nous n'avons pas qu'une justice ; nos tribunaux en rendent deux : la justice des riches et la justice des pauvres. Ainsi nous pouvons dire qu'il y a de la justice pour tout le monde, avec cette seule différence que celle des riches est la bonne et ne coûte rien tandis que celle des pauvres n'est que de mauvaise qualité et coûte fort cher. C'est dans l'ordre : les riches ont toujours raison ; les pauvres ont toujours tort ; les premiers ont raison d'être riches, et les autres ont tort d'être pauvres. On donne aux riches l'autorité de la raison ; mais on vend aux pauvres la raison de l'autorité. »
Mon voyage à la lune tient lieu aussi de journal intime dans lequel Aubin règle ses comptes avec les autorités judiciaires de l'époque qui tentent de museler la liberté d'expression. Au début de chaque épisode, on peut lire une chronique de ses démêlés avec la justice. Le Fantasque, son journal, cessera d'ailleurs de paraître après le sixième épisode de son conte philosophique.
La satire d'Aubin met en place une structure narrative que les auteurs de la première moitié du XXe siècle utiliseront dans leurs utopies. Le narrateur est pris en charge par un guide qui lui fait découvrir la société nouvelle. Ce procédé donne un récit très statique d'où toute action est absente. Sous prétexte de décrire les moeurs des habitants de la Lune, Aubin raille ainsi les comportements humains de ses contemporains. L'auteur n'épargne certes personne mais sa dénonciation a souvent des relents de misogynie, du moins aux yeux du lecteur d'aujourd'hui.
Le texte d'Aubin démontre qu'il était plus qu'un écrivain : c'était aussi un libre penseur comme le siècle des Lumières en a donné plusieurs en France.

Claude Janelle



L'Assembleur, un roman d'Aude (1985)

Il s'appelle Jean-François. Il a sept ans, son corps dix-sept. Voilà dix ans qu'un enfant blessé par le départ de son père murit son projet. Il n'a pas pardonné. Il lui faut tuer son père, sinon il aura toujours sept ans. Dès le premier jour, il a senti un processus s'enclencher en lui. Il abrite l'Assembleur, insensible et glacé. Jean-François étudie l'informatique au cégep. Patiemment, il a monté un programme qui accomplira sa vengeance. Et celle de sa mère. Ils pourront suivre le déroulement des opérations sur l'écran cathodique. Car l'exécution sera longue. Il faut que le père de Jean-François sache.

Ce qui précède n'est pas à proprement parler un résumé du roman mais plutôt un condensé du prologue, là où l'auteure pose avec force les bases du drame qui va se jouer devant nous. Je dis avec force car Aude, alias Claudette Charbonneau-Tissot, écrit avec une lame de rasoir. Les phrases sont courtes, incisives, percutantes. Pas un mot n'est superflu; nous sommes à l'opposé de l'écriture mélodramatique. Les paragraphes sont courts, bien séparés. Là encore, la volonté de concision et de force apparaît pleinement. L'auteure groupe, associe, met en évidence, impose son rythme au lecteur. Les images saisissantes se suivent à un rythme effréné, se bousculent, nous bousculent.
L'Assembleur, récit d'une famille éclatée, présente les points de vue de la mère, du père, de l'enfant. Tour à tour victime, puis bourreau, chacun expose son point de vue sur la situation désastreuse et les torts subis. À tous moments, le lecteur se rappelle le petit texte placé en exergue qui éclaire de sa lumière humaniste le roman, «Mon père disait: Il n'y a pas d'êtres méchants, il n'y a que des êtres souffrants.»
Le plan du roman est simple: Jean-François explique son projet dans un premier temps, Alexandre le père commence à subir le supplice programmé dans la deuxième partie, Érika la mère expose ses griefs tout en endossant la vengeance de son fils, Alexandre revient, plus critique envers lui-même, subissant toujours la vengeance, Érika entre à nouveau en scène, plus vindicative que jamais, et enfin Jean-François réapparaît dans la dernière partie - qui ne contient que deux phrases - pour annoncer sa victoire.
L'idée d'une vengeance par ordinateur fait tout de suite penser à la SF, mais c'est plutôt au fantastique que se rattache l'Assembleur puisqu'à aucun moment une tentative d'explication n'est apportée. Comment l'Assembleur s'y prend pour créer cette suite de fantasmes dans l'esprit de son père n'est d'ailleurs - et heureusement - pas le plus grand des soucis de l'auteure, qui aurait tout aussi bien pu remplacer l'électronique par le vaudou ou tout autre élément donnant un semblant de véracité à la situation.
Roman fantastique, donc, l'Assembleur, de par le traitement original, dur et explosif d'un thème trop souvent mal exploité, est une belle réussite. Grâce à la maîtrise parfaite de son écriture, Aude réussit à entraîner le lecteur dans une réflexion incisive sur l'éprouvante réalité des familles éclatées, sur le mal irrémédiable que se sont fait - souvent sans le vouloir, sous les pressions d'une société impersonnelle, immature - des êtres qui se sont aimés et qui s'aiment encore.
Le gouffre entre l'amour et la haine est sans fond. Mais il est si étroit qu'un tout petit saut...

Jean Pettigrew



L'Homme à éclipses, une nouvelle de Noël Audet (1987)

Dans une taverne, un homme explique au narrateur que si la perfection n'existe pas en ce bas monde, c'est qu'elle s'en échappe dès sa création. Ainsi, il aurait vu disparaître une de ses sculptures après une dernière modification à une courbure, un texte après la dernière retouche. Tout en devisant, les deux hommes se mettent à faire d'étranges dessins sur la table jusqu'à ce que cette dernière disparaisse, prouvant ainsi la théorie de l'homme qui veut maintenant rejoindre lui-même le pays des choses parfaites.

Excellente nouvelle pour un numéro spécial sur l'Utopie. Avec une verve qui ne se dément jamais et un humour tour à tour sarcastique, noir et parfois même vitriolique, l'auteur se sert de la traditionnelle construction d'une nouvelle à idée pour démontrer son théorème: l'utopie, l'âge d'or, la perfection ne pourront jamais être atteints sur Terre, et c'est tant mieux.
Bien écrite, donc, rigoureuse dans sa démarche, l'histoire de Audet se permet même un clin d'oeil final au lecteur quand elle mentionne que son auteur n'a pas encore réussi à la faire disparaître de notre monde, donc que...
Mais, plus qu'une simple démonstration, plus qu'un simple amusement, la nouvelle de Audet nous amène à une autre réflexion, plus littéraire celle-là, à savoir: peut-il vraiment exister des écrits parfaits face à la multiplicité des lecteurs? Voila une interrogation intéressante pour un auteur. Et encore plus pour un critique, puisque ce dernier se doit de rendre compte à d'autres, servant donc d'intermédiaire entre le lecteur potentiel et le texte. Mais un intermédiaire, n'est-ce pas ici un filtre, ou plutôt un prisme? Ce qui voudrait dire que la principale qualité d'un critique littéraire ne serait pas son objectivité - puisqu'elle ne peut à toute fin pratique exister! - ni sa plus ou moins grande sévérité, mais bien sa régularité, sa constance? En effet, vous dirait un spécialiste de l'optique, comment se fier à un prisme si un jour il privilégie le rouge aux dépens du bleu, le lendemain le vert aux dépens du jaune ?
Mais je ne veux pas aller plus loin sur ce thème, ce serait manquer à mes constances! Lisez donc l'Homme à éclipses de Noël Audet. Pour ce que j'en pense et dis, vous pourrez vérifier votre position par rapport à mes propres goûts. Et pour ceux qui n'ont rien compris à ce qui précède: oui, j'ai bien aimé ce texte!

Jean Pettigrew



Le Fleuriste, une nouvelle de Robert Baillie (1988)

Roch, 15 ans, voulait être coiffeur comme son père, mais il développe une grave allergie à tout ce qui rappelle les cheveux de Rose sa mère. Il déniche un emploi dans un abattoir clandestin, ce qui aggrave sa maladie. Grâce à un régime alimentaire composé de feuilles et de tiges, il est subitement guéri. Il devient fleuriste et se nourrit uniquement de plantes jusqu'au jour où il s'empoisonne volontairement avec l'une d'elles. Rose boira ses restes sous forme de tisane.

Un texte fascinant qui met en opposition le monde animal et végétal. Une des richesses de cette nouvelle se trouve dans le pouvoir évocateur des descriptions. Robert Baillie, en effet, connaît bien sa flore laurentienne, et son érudition ferait plaisir au frère Marie-Victorin. Par contre, les amateurs de sensations fortes et d'actions rocambolesques risquent d'être déçus.
La force du récit, c'est le dynamisme interne de l'écriture accentué par des jeux de répétitions qui tissent des liens entre les paragraphes. Le texte n'est pourtant pas construit d'un seul bloc. Il se divise en deux parties que j'appellerais: le récit-père et le récit-mère.
Dans la première partie, Roch se découvre une allergie à ce qui représente la masculinité et l'animalité (poils, cheveux, fourrure) représentées par son père. C'est peu à peu qu'il découvre le remède de cette maladie et il se met à consommer des plantes (symbole nettement plus féminin) qui le guériront. Ensuite, il assume pleinement son besoin de féminité et de végétaux en devenant fleuriste. Notons qu'il donne à sa boutique, où il vit en permanence, le nom de sa mère. Il «habite» donc à nouveau celle-ci. Ce processus d'assimilation de la féminité par le biais des fleurs le mènera à la mort. Roch retournera littéralement à sa mère à la fin du récit, puisqu'elle le boira avant d'en mourir. On assiste là à une forme de cannibalisme incestueux qui n'a d'autre conclusion que l'annihilation de ceux qui la pratiquent.
À ce niveau, une lecture psychanalytique de la nouvelle le Fleuriste pourrait procurer beaucoup de plaisir à certains lecteurs. Par les réseaux symboliques qu'elle exploite à profusion, on pourrait dire qu'elle revêt un caractère quasi mythique.

Michel Pleau



Une âme attachante, une nouvelle de Truong Bao-Song (1991)

Vingt-six ans après avoir fui Hanoï, monsieur Sangre vient visiter sa ville natale où il a connu son seul véritable amour. Il cherche à savoir ce qu'est devenue My Lan. Il apprend du frère de sa bien-aimée que celle-ci est morte il y a dix-huit ans mais que son fantôme lui apparaît régulièrement. Invité à passer la nuit dans la chambre de la morte, monsieur Sang revoit sa chère My Lan et... leur fils.

Charmante histoire romantique et désuète que ce récit d'un amour contrarié qui persiste au-delà du temps. La pureté et la naïveté des sentiments rappellent les contes fantastiques québécois du XIXe siècle, mais la nouvelle de Bao-Song s'en distingue sur un point essentiel. Cette différence fondamentale est attribuable à la culture dont est issu l'auteur d'Une âme attachante. Contrairement à nos contes surnaturels, aucune morale religieuse ne transpire de cette nouvelle. Tout au plus peut-on y déceler une croyance en la réincarnation qui est bien plus une philosophie de vie qu'une doctrine religieuse.
Dans Une âme attachante, le destin individuel des personnages est marqué par le poids des traditions séculaires (My Lan doit épouser le mari que lui a choisi son frère aîné) et par l'histoire politique d'un pays déchiré par la guerre. Le narrateur, M. Sang, doit en effet se réfugier au Sud pour fuir la répression du régime communiste et s'éloigner ainsi de l'amour de sa vie. Cette trame de fond confère au récit un caractère tragique que les seules conventions sociales n'auraient peut-être pas suffi à imposer.
L'intérêt de cette nouvelle est cependant amoindri par la confusion qui règne dans la chronologie des événements et par les problèmes qu'éprouve l'auteur avec le temps des verbes. D'abord, Bao-Song mentionne que M. Sang a quitté Hanoï en 1952 (p. 25) ; ensuite, il parle de son évacuation de Hanoï en 1947 (p. 31). En fait, ce départ ne serait-il pas survenu encore plus tôt puisque le narrateur ignore tout de l'existence de My Lan après son mariage (en 1941 ou 1942) alors même qu'il demeure dans la même ville? Pas très clair, tout cela !
Quant au problème d'écriture, il est peut-être attribuable au fait que le français n'est sûrement pas la langue maternelle de l'auteur. Quoi qu'il en soit, il confond l'imparfait et le passé simple. Souvent, dans une même phrase, le premier verbe est à l'imparfait et les deux autres, au passé simple.
Il faut tout de même saluer l'initiative de PAJE éditeur qui a rassemblé dans ce collectif intitulé Québec kaléidoscope des écrivains de diverses communautés culturelles. En dépit de ses défauts, la nouvelle de Bao-Song nous fait accéder à une autre culture et ouvre de nouveaux horizons à la littérature québécoise qui ne peut que s'enrichir au contact des immigrants.

Claude Janelle



Tous des imbéciles, une nouvelle de François Barcelo (1984)

Un mal étrange, le sic (syndrome d'insuffisance cérébrale), décime la population à travers le monde. On croit savoir que cette maladie tue les gens par ordre décroissant d'intelligence. Un professeur d'université attend impatiemment l'apparition des premiers symptômes sur sa personne qui confirmeraient qu'il fait partie des gens plus intelligents que la moyenne. Pour éviter l'humiliation, il est prêt à monter une supercherie.

Voilà une petite satire sociale amusante dans laquelle l'auteur s'en prend à plusieurs classes sociales, mais particulièrement aux professeurs d'université. Barcelo s'est inspiré de la tache de vin (le symptôme qui annonce la maladie et la fin rapide du sujet), qui constitue la marque distinctive de Gorbatchev, et du sida pour inventer une maladie qui s'attaque d'abord aux personnes les plus intelligentes.
Il y a quelque chose d'absurde dans le désir du personnage principal d'être victime du sic. Pourtant, ne vaut-il pas mieux être d'une intelligence moyenne et vivant que supérieurement intelligent et mort? C'est bien l'orgueil et la vanité des humains que l'auteur épingle ici avec un sourire moqueur au coin des lèvres. Car, à part une blague qui pourrait être tirée d'une anthologie de «jokes de newfies», il n'y a pas de quoi rire aux éclats.
N'oublions pas que le collectif dans lequel cette nouvelle a été publiée en 1984 avait pour thème l'humour. Admirons en passant l'humilité de l'auteur qui n'a pas hésité à utiliser le je comme pour s'identifier à son personnage principal. C'est ce qui a toujours fait le charme de François Barcelo, ce refus de se prendre au sérieux.
En ces temps où l'on valorise à outrance l'excellence, Tous des imbéciles rame à contre-courant en faisant le constat suivant: le monde ne va pas plus mal même s'il a perdu ses meilleurs cerveaux. Tous les besogneux, les bûcheux, les cols bleus de l'intelligence se sentiront vengés ou dédouanés par le texte de Barcelo.

Claude Janelle



Aaa, Aâh, Ha ou les amours malaisées, un roman de François Barcelo (1986)

Il existe sur la planète Coquecigrue trois mondes complètement isolés les uns des autres et qui ont pour noms Aaa, Aâh et Ha. En Aaa, le continent le plus vaste de Coquecigrue, vit un peuple dont les habitants ont comme caractéristique première d'être tous des spécimens uniques tant est infinie leur diversité. En revanche, la nature est uniforme et ne compte qu'une espèce de poisson, d'oiseau, d'insecte, de mammifère, de batracien, d'arbre et de fleur. Les gens de Aaa vivent dans des grottes, au bord de la rivière Nitchénicouane, et leur existence se déroule paisiblement.
Leur société comporte un minimum de règles sociales qui n'ont rien de contraignant. L'oisiveté et les jeux de l'amour constituent les principales activités de ce peuple hétéromorphe qui compte dans ses rangs un sage à sa façon, un digne émule du philosophe Socrate, le vieil Anatolanskov. Celui-ci, du haut de sa montagne, observe ses contemporains et guette la très hypothétique arrivée d'étrangers qui pourraient venir par le ciel ou par la mer. Un disciple, Bessaguérini, vient bientôt le rejoindre et tous deux, dans leur immobilité, finissent par prendre racine alors qu'ils assistent, en spectateurs impuissants, à l'extinction de leur race à la suite d'une épidémie foudroyante.
En Aâh règne le roi Celsius 1er sur tous ses sujets, pauvres et misérables. Le royaume est petit et ne suffit pas à nourrir le peuple. Celsius 1er n'en a cure, lui qui mange à sa faim. La reine Magina, la seule femme autorisée à se promener les seins nus, sa poitrine royale ayant valeur de symbole, gracie un jour un prisonnier pour qui elle éprouve une attirance irrésistible. Afin d'éloigner son époux, elle le convainc de faire construire un grand navire dont il prendrait le commandement afin de partir à la découverte d'une terre plus accueillante et hospitalière.
Ayant refusé de s'embarquer au moment du départ de la première expédition, le roi doit cependant respecter sa promesse quand une nouvelle expédition rapporte l'existence d'une race étrangère sur un autre continent. Son mari étant écarté, le reine se met à la recherche de Fatimus et apprend qu'il s'est engagé comme voyeur sur le navire de Celsius 1er. La reine affrète alors un navire et se lance aux trousses de la flotte du roi. Elle rejoint finalement son amant et s'enfuit avec lui sur le continent maintenant inhabité de Aaa où elle peut donner libre cours à sa passion amoureuse.
Enfin, le monde de Ha est une société moderne qui, par crainte d'être attaquée par des étrangers qui n'existent peut-être même pas, s'est dotée d'un système de défense très sophistiqué.Pour assurer l'infaillibilité de ce système, le gouvernement a dû proclamer l'extermination de tous les oiseaux car ils risquaient de confondre les radars haois. Une petite fille, Catherine, s'entête à vouloir faire voler son coq Oscar et sa poule Félicia. Elle y réussit finalement et déclenche par le fait même le système de défense du pays. Au même moment, le voilier de Celsius 1er se pointe à l'horizon. Une faille dans le microprocesseur d'une ogive entraîne la destruction de Ha.

S'il n'existe pas dans la littérature québécoise une tradition d'humour, il reste qu'il y a des écrivains qui sont d'abord et avant tout des humoristes. Je pense à Jean-Marie Poupart, à François Hébert, à Jean-Yves Dupuis, à François Gravel et, surtout, à François Barcelo. Les quatre romans qu'il a publiés sont marqués par cette constante: ils veulent faire rire le lecteur en misant sur une imagination débridée, sur un comique de situations et sur l'invention verbale. Aussi, chaque fois que paraît un roman de François Barcelo, on se demande s'il s'agit d'un roman de SF car le décor n'est jamais une reproduction réaliste de la vie quotidienne. L'auteur introduit de petits éléments fantastiques sans conséquence véritable sur l'économie du récit dans la Tribu et Ville-Dieu ou des signes importants porteurs d'altérité dans Agénor, Agénor, Agénor et Agénor (en l'occurrence, un extraterrestre de Blanante).
Dans Aaa, Aâh, Ha ou les amours malaisées, Barcelo nous force à considérer ce roman (ou cesromans comme il est écrit sur la couverture) comme une oeuvre de SF pour deux raisons. D'abord, la création de la planète Coquecigrue, hautement farfelue et fantaisiste, ne contribue pas moins à inscrire ce texte dans une perspective de faiseurs d'univers. Mais c'est surtout la description des habitants du monde d'Aaa qui pousse ce texte vers la SF.
Le peuple d'Aaa présente des caractéristiques qui n'ont rien en commun avec les humains de notre espèce. Ils incarnent véritablement l'altérité car ils sont hétéromorphes. Voyons ce qu'en dit le romancier: «À part l'oeil et l'absence de bouche, ils ne se connaissaient aucun dénominateur commun. Il y en avait des grands et des petits, des à plume, des à fourrure, des à peau rugueuse et des à peau douce. Des rampants, des marchants, des roulants» (p. 75). La couleur, le nombre de bras, de jambes et de têtes, la forme du corps et la disposition de leurs deux sexes font que chaque individu est unique.
La diversité des gens d'Aaa semble répondre à la vision pessimiste de l'avenir projetée par le Meilleur des mondes de Huxley, par exemple, où le clonage peut faire en sorte qu'il y ait 64 individus absolument identiques. C'est que Huxley décrit une dystopie tandis que Barcelo, dans le récit d'Aaa, présente une utopie. «Les gens d'Aaa se trouvaient beaux les uns les autres, tous et chacun d'entre eux. Et ce qu'ils trouvaient beau, c'était justement ce qui distinguait les autres d'eux-mêmes. Cela constitue un bien beau mystère» (p. 75).
Mais en même temps, on ne peut pas ignorer les intentions de l'auteur qui ne prétend aucunement faire de la science-fiction: «On les prendrait (les chapitres Aaa) pour de la science-fiction s'ils n'étaient pas entièrement dépourvus de science» (p. 14) explique-t-il dans les pages préliminaires. Je ne crois pas que l'absence de science dans ce récit suffise à l'exclure de la SF. Qu'y a-t-il de scientifique dans Coquillage d'Esther Rochon? Certainement pas la description du monstre-nautile et pourtant, personne ne conteste qu'il s'agit là d'une oeuvre de SF.
On sent d'ailleurs dans le roman de Barcelo que celui-ci a réfléchi sur la nature de la science-fiction à la suite de la tentative d'appropriation dont son premier roman a fait l'objet dans le milieu de la SFQ. Bessaguérini invente des récits pour distraire son vieux maître Anatolanskov. L'un d'eux est un récit qui, aux yeux du lecteur d'aujourd'hui, est tout à fait réaliste mais qui, pour Anatolanskov, est tout à fait irréaliste et incompréhensible parce qu'il appartient à une autre culture. Le vieux demande de quoi il s'agit. Bessaguérini répond: «Dela science-fiction. C'est une nouvelle forme de récit qui se passe en un lieu de mon invention, et là tout est différent d'ici. Par exemple, il y a des endroits où on prête de l'argent. Ce sont des banques» (p. 179).
Boutade ou non, Barcelo met à profit cette définition et il invente des mots (miser, grenoux) pour désigner des réalités (ici des animaux) qui n'existent pas dans notre monde. Mais l'auteur invite aussi ses lecteurs à utiliser leur imagination en se gardant «...d'interpréter ces noms comme une représentation exacte de ce qu'ils désignent normalement» (p. 11). On le voit, l'attitude de Barcelo face à la SF semble plutôt ambivalente. Tantôt il rejette l'étiquette, tantôt il s'en réclame presque. Cette indécision n'est peut-être au fond qu'une plaisanterie dont nous sommes, à des degrés divers, les victimes inconscientes. Et puis, après tout, le romancier a le droit de s'amuser lui aussi, qui nous en donne pour notre argent dans son roman.
Il met en scène trois mondes différents, trois systèmes politiques qui aboutissent au même résultat: l'extinction totale et définitive qui répond plus à la souveraine liberté du romancier qu'à une quelconque ligne idéologique. Le monde d'Ha est une reproduction à peu près sans retouches de notre société militarisée et démocratique. La justification du système de défense totale prôné par le président Lebrun rejoint les arguments avancés par les tenants de l'équilibre de la terreur: «Si ces ennemis n'existent pas, nous ne pouvons faire de mal à personne. S'ils existent, personne ne pourra nous faire mal.» (p. 47).
Le monde d'Aâh met en scène une régime monarchique qui repose sur la tyrannie et l'arbitraire. L'auteur nous introduit dans l'univers du conte satirique dont on peut apprécier le mordant en lisant les Lois pour la conservation des aliments édictées par Celsius 1er. Le récit épouse la forme de petits tableaux qui décrivent la manière hautement capricieuse avec laquelle le roi mène les affaires de l'État. Si le monde d'Ha sombre dans la paranoïa, le monde d'Aâh, par l'intermédiaire de son roi, est surtout animé par des instincts belliqueux et des visées impérialistes.
Le monde d'Aaa se situe entre ces deux pôles extrêmes en adoptant une attitude attentiste et ouverte. Rien d'étonnant puisqu'il s'agit d'une société utopique. Son harmonie et sa perfection ne lui assurent pourtant pas le bonheur éternel.
L'idée de mettre en opposition ces trois mondes procure au roman une richesse indéniable. Encore une fois, François Barcelo va à l'encontre des lois romanesques sans que son récit en souffre. En effet, il n'y a pas de véritable progression dramatique, il n'y a pas de personnage principal qui lierait les uns aux autres ces trois récits parallèles. Cette structure narrative force l'auteur à interrompre pendant un long moment l'un ou l'autre récit. S'il ne parvient pas à faire converger parfaitement ces trois récits, du moins réussit-il à mettre un point final en situant la planète Coquecigrue sur le plan d'un micro-univers dontle romancier est l'unique maître.
Aaa, Aâh, Ha ou les amours malaisées est un roman humoristique dont l'intérêt est soutenu de bout en bout, exception faite de la mise en place du récit (p. 15 à 22) qui est assez pénible et laborieuse. C'est peut-être le roman le plus réussi à ce jour de François Barcelo. Chose certaine, il nous fait rire ou sourire continuellement car son sujet paraît inépuisable: la bêtise humaine présente dans tout système politique.

Claude Janelle