Genèse...

 

Sutherland

De mon point de vue de personne qui a à inventer l'histoire et à rédiger le texte, Sutherland et Rel sont d'un autre registre que Lame ; ce sont mes informateurs, mes guides dans ces mondes curieux. J'ai vu Vrénalik en rêve par les yeux de Sutherland. Je le consulte sur Vrénalik. Il a une forte dimension d'étrangeté, mais cette dernière demeure sous-jacente, surtout dans les Chroniques infernales où il côtoie beaucoup plus étrange que lui ­ sa familiarité avec l'étrange est en fait ce qui lui permet de s'y retrouver. Sutherland est socialiste ; il connaît « L'Internationale », paroles et musique (Ouverture, au début). Ce n'est pas un révolté comme Lame, mais il est gauchisant et l'autorité ne lui plaît pas. Il a moins le sens des responsabilités que Rel (ce qui n'est pas difficile), mais il a le sens de la communauté. Ce n'est pas un solitaire comme Lame.

Dans les Chroniques infernales, avec Rel et Lame pleinement déployés, il fallait un personnage mesuré pour que l'image d'ensemble ait assez de contraste. Sa tache claire donne plus de puissance à la nuit colorée des autres. De plus, il sert de point de référence pour Vrénalik, dans Or et dans Sorbier. Et c'est sa force. On ne peut pas lui faire oublier d'où il vient.

Je travaille avec Sutherland depuis l'origine du projet d'écriture. Au début, j'ignorais son prénom. Taïm, ça lui va bien ; ça sonne comme « time », le temps, en anglais, et son talent est précisément d'arriver au bon moment. C'est écrit comme « t'aime », dans « je t'aime », et c'est un passionné, sous ses apparences fraîches. Dans toute mon oeuvre, ma scène préférée est à la fin de Secrets, quand Rel l'appelle, justement, pour qu'ils partent tous les deux pour Vrénalik : « Viens, Taïm ». Ce grand type à cheveux roux est très polyvalent ; il y a des aspects de lui que je n'ai pas exprimés dans des textes. Sa bonté a une profondeur que je n'ai jamais pleinement éclairée.
J'ai des ancêtres Écossais et Irlandais ; Sutherland, en quelque sorte, les représente. Il est semblable à un sorbier, ce « rowan » des Écossais, arbre magique dans le folklore celte.


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