| L'année
            de tous les records ! Telle est la formule qui s'impose, évidente
            et irréductible, pour résumer la production de
            1989 qui fracasse les records établis précédemment : record de nouvelles inédites (185), record de romans
            ou récits (27), record d'auteurs ayant publié au
            moins un texte de fiction inédit (115). Cette dernière
            statistique s'explique en bonne partie par la publication d'un
            collectif de science-fiction et de fantastique par l'Association
            des Écrivains du Centre du Québec, In extremis, et d'un numéro spécial de la revue Arcade qui réunissait des auteurs étrangers à ces
            genres. Il en résulte aussi que le nombre d'auteurs qui
            ont fait leur début en SF & F représente exactement
            la moitié de tous les écrivains recensés.Plus généralement, l'année 1989 fut celle
            de la nouvelle de science-fiction. On pourrait mentionner une
            bonne dizaine de textes qui figureraient en bonne place dans
            la liste des 50 meilleures nouvelles de la SFQ. Qu'une telle
            abondance de qualité soit concentrée en une seule
            année constitue à mes yeux quelque chose d'exceptionnel.
            Cette situation est due en grande partie au retour en force de
            la première génération d'écrivains.
            On assiste chez eux à une évolution de leur œuvre
            qui se traduit par une approche de nouveaux thèmes et
            par un changement dans leur écriture. Je pense ici à
            des auteurs comme Élisabeth Vonarburg, Jean-Pierre April,
            Daniel Sernine, Jean Dion et, dans une moindre mesure, à
            Michel Bélil. À ceux-là s'ajoutent des auteurs
            déjà familiers comme Alain Bergeron, Bertrand Bergeron,
            Guy Bouchard, Michel Martin, Joël Champetier, Yves Meynard
            et Claude-Michel Prévost dont les nouvelles offrent souvent
            une garantie de qualité. Ce tour d'horizon ne serait pas
            complet si on ne mentionnait la superbe nouvelle de Roger Des
            Roches, Le Vertige des prisons, qui constitue la plus
            belle surprise de l'année 1989.
 Du côté du livre, la publication tant attendue du
            premier tome de L'Oiseau de feu de Jacques Brossard éclipse
            tout autre événement. L'ampleur du projet littéraire
            de l'auteur en fait un cas unique au Québec en science-fiction.
            Le travail de deux petites maisons d'édition, les Publications
            Ianus et Le Palindrome, qui ont publié respectivement
            un collectif de SF, Sous des soleils étrangers,
            et un collectif de textes d'horreur fantastique et d'épouvante, L'Horreur est humaine, mérite également
            d'être souligné.
 Les tableaux ci-dessous montrent comment se répartit la
            production originale d'une part, les traductions et les rééditions
            d'autre part. On y remarque une production originale de textes
            narratifs brefs à peu près égale entre le
            fantastique et la science-fiction (100 contre 85 en faveur du
            premier) mais le fantastique bénéficie d'une meilleure
            pénétration puisqu'il est présent dans tous
            les lieux éditoriaux avec un égal bonheur. La science-fiction,
            quant à elle, établit son château fort dans
            les revues spécialisées (55%), étant par
            ailleurs présente à 34% en recueil et/ou anthologie
            et pratiquement absente des revues littéraires non spécialisées
            (11%). Notons également que la réédition
            favorise grandement le fantastique pour la simple raison que
            les recueils de nouvelles y sont beaucoup plus nombreux qu'en
            SF.
 Claude Janelle |  |