Genèse...

 

Classification en termes de genre littéraire

En hommage aux araignées a paru en novembre 1973 ; ce premier volume se déroulant à Vrénalik a été considéré comme de la littérature générale. On peut en effet classer ce que je fais dans cette catégorie.

Entre 1985 et 1991 paraissaient L'Épuisement du soleil, Coquillage, L'Espace du diamant, ainsi que deux recueils de nouvelles. On me considérait alors comme écrivaine de science-fiction. Des gens ont cessé de me lire, puisqu'ils ne lisaient pas de science-fiction. Je parlais pourtant toujours du même genre de monde. Ceci dit, je n'étais pas mécontente de cette étiquette. J'avais appris l'anglais dans les années soixante en lisant de la science-fiction.

J'avais participé à la Convention Mondiale de science-fiction de 1970, à Heidelberg, où j'avais pu rencontrer Jonh W. Campbell, Robert Siverberg, John Brunner, etc. En plus, dès la parution de mon premier livre, j'avais été accueillie par les gens de science-fiction québécoise, ils me demandaient des textes et les appréciaient. Je développais des amitiés dans le milieu. Je n'ai jamais rougi de me définir comme écrivain de SF, au sens large.

Certains parlent de fantasy pour désigner ce que je fais. Pourquoi pas ? Le seul ennui, c'est qu'il faut définir le terme, et que ça place un accent trop important sur le genre littéraire au détriment des idées, des personnages ou du style, qui sont tout de même ce qui fait l'attrait d'un livre. Pour ma part, ces jours-ci, j'utilise l'expression « science-fiction et littératures de l'imaginaire » pour décrire ce que je fais.

Sincèrement, je produis le texte du mieux que je peux, c'est mon rôle. Je laisse à d'autres le soin de le classer. Sauf si le classement ne convient vraiment pas.
Depuis 1995 et la parution de Lame et des Chroniques infernales, des gens font allusion à ces livres en disant : « Ah oui, ces jours-ci, tu écris pour la jeunesse ». Pire encore : des gens qui ne m'ont jamais lue supposent que je suis un écrivain pour jeunes. Comme si un livre de format poche avec une illustration sur la couverture était nécessairement de la littérature jeunesse.

Je n'ai rien contre la littérature pour jeunes ; j'en ai d'ailleurs publié (L'Ombre et le Cheval). Je respecte les gens qui en écrivent : ce sont des écrivains, eux aussi, et ils écrivent à partir de leur sincérité, comme il se doit. Par contre, les Chroniques infernales, ce n'est pas de la littérature pour jeunes.

Honnêtement, j'ai des lecteurs de tous les âges ; ceux qui sont jeunes lisent aussi des livres qui s'adressent au public en général. S'ils me lisent, c'est qu'ils sont au stade où ils commencent à lire une grande variété de livres. S'ils lisent les Chroniques..., ils lisent aussi sur la Deuxième Guerre mondiale, ils lisent Rimbaud, Orwell ou bien Shakespeare, qui ne sont pas classés pour jeunes, que je sache !
Je ne m'adresse pas aux jeunes en priorité. Vraiment pas. La violence, la sexualité tordue des enfers, ce n'est pas de la littérature jeunesse. Les idées complexes non plus. Comme cette impression d'être classée « pour jeunes » perdure, et qu'elle pourrait me valoir des reproches d'ordre éthique (parler d'enfer et de violence aux jeunes !), je tenais à cette mise au point.

Cette méprise m'aura au moins valu d'essayer de comprendre comment elle a pu se produire dans un passé récent, alors qu'elle était inexistante au début de ma carrière. D'où les remarques qui suivent.


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